octobre 13

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Faut-il complimenter ses enfants ?


Tu as bien réussi ce devoir ! Tu es vraiment un garçon très intelligent”. Voici deux petites phrases d’apparence anodines que j’ai entendues l’autre jour à la sortie de l’école et qui m’ont fait sourire. En effet, si compliments et félicitations sont naturels chez la plupart des parents, ils peuvent pourtant se révéler néfastes.

A priori me direz-vous, que pourrait-il donc y avoir de mal à complimenter ses enfants ? N’est-ce pas faire preuve de bienveillance ? Féliciter les enfants quand ils réussissent, n’est-ce pas le meilleur moyen de les motiver ? 

En réalité… pas tout à fait ! C’est toute la différence entre le compliment et l’encouragement, un des concepts clés de la discipline positive

faut-il complimenter ses enfants

Complimenter ses enfants ou les encourager ?

Les compliments rendent dépendant du jugement des autres, ils ne conduisent pas à l’autonomie. Ils donnent une motivation et une confiance extrinsèque, c’est-à-dire que la confiance et la motivation ne viennent pas de la personne elle-même, mais de ce qu’attendent et pensent les autres.

Catherine Gueguen, Heureux d’apprendre à l’école.

Distinguer l’encouragement du compliment

Allons donc jeter un œil du côté des dictionnaires (désolée, je suis une ancienne prof de français, on ne se refait pas). 

Du latin “complere”, “accomplir”, le compliment désigne à l’origine une “visite de courtoisie faite à un personnage officiel”. Parole élogieuse adressée à une personne, le compliment tient de l’approbation, de la glorification et parfois même de la flatterie. 

A l’inverse, l’encouragement est un acte ou une parole permettant d’insuffler du courage, de donner de l’espoir, du soutien. 

A première vue, la distinction paraît ténue. Elle est pourtant de taille ! Ces définitions nous apprennent en effet qu’on a tort de penser que félicitations et compliments aident l’enfant à construire une bonne image de lui. Voyons cela plus en détail.

Les bienfaits de l’encouragement

Comme l’explique à merveille la psychologie adlérienne, un enfant qui adopte un comportement inapproprié est un enfant découragé. L’attitude encourageante de l’entourage – parents, enseignants, éducateur – est donc essentielle pour lui donner confiance en lui et lui permettre de modifier ses croyances erronées.

Un enfant encouragé est un enfant qui se sentira capable de progrès, qui aura compris qu’il peut influencer les événements. L’encouragement favorise l’autonomie et la responsabilité. Il permet à l’enfant de construire son propre référentiel interne et lui évite de devenir dépendant de l’opinion des autres.

Complimenter ses enfants : les risques

Au contraire, le compliment entretient une relation de dépendance par rapport à l’adulte. Complimenter, c’est rendre l’enfant dépendant de l’approbation d’autrui. C’est élever un adulte qui cherchera toujours la validation de ses actes dans le regard de l’autre, supérieur ou conjoint. Absence d’initiative, peur du jugement, obsession de la perfection : tels sont les risques à long terme des compliments à répétition.

Une étude menée par le Dr Carol Dweck à l’université de Columbia a par ailleurs démontré que complimenter les enfants peut avoir des effets néfastes sur le long terme. L’équipe commença par soumettre un puzzle simple aux enfants. Ils furent ensuite divisés en deux groupes. Les enfants du groupe 1 reçurent un compliment sur leur intelligence : “Tu es doué pour cet exercice.” Les enfants du deuxième groupe furent encouragés : “Tu as dû travailler dur pour réussir cet exercice.” L’équipe de Columbia proposa ensuite aux enfants de choisir eux-mêmes le test suivant : soit ils pouvaient faire un puzzle de même difficulté, soit ils pouvaient essayer un puzzle plus difficile. 90% des enfants qui avaient reçu un compliment choisir de rester au même niveau de difficulté, tandis que les enfants dont on avait souligné les efforts choisirent massivement d’essayer un puzzle plus complexe.

Ainsi, les enfants abreuvés de compliments deviendraient moins enclins à prendre des risques et à sortir de leur zone de confort. Inquiets à l’idée de commettre une erreur ou de décevoir l’adulte, ils choisiraient de préférence des tâches faciles, qu’ils sont sûrs de pouvoir réussir avec brio. 

Dernier point, les compliments génèrent leur lot de fausses croyances et enferment les enfants dans la dépendance affective : “Si je ne fais pas un beau dessin, on ne m’aimera pas.” “Si je n’ai pas des bonnes notes en maths, papa ne m’aimera plus.” Rien de plus décourageant finalement que les éloges répétitifs : à terme, ils génèrent l’anxiété et l’angoisse de ne pas être à la hauteur…

pourquoi encourager ses enfants

Comment encourager ses enfants efficacement ?

L’encouragement est à l’enfant ce que l’eau est à la plante. Il ne peut survivre sans.

R. Dreikurs

L’encouragement est objectif

Lorsqu’on complimente un enfant, on utilise généralement le “TU” : “Tu es un garçon intelligent.”, “Tu est une bonne cuisinière.

Une attitude encourageante sera quant à elle centrée sur les faits : “Ce devoir est réussi.”, “Ce gâteau est cuit à point.”

Pour encourager avec respect, il convient donc d’essayer de décrire les faits de la manière la plus objective possible, en évitant de donner des appréciations générales sur la personne.

Par exemple, au lieu de s’extasier devant le gribouillage du petit dernier à grands renforts de “Tu es vraiment exceptionnel ! Tu dessines merveilleusement.” Prenons plutôt le temps d’examiner réellement la production et de la décrire : “Les couleurs de ce dessin sont harmonieuses et les ronds sont presque tous identiques.

De manière générale, dès qu’on utilise un qualificatif général, on glisse vers le compliment. Au lieu de dire : “Qu’est-ce que tu es une gentille petite fille !”, disons plutôt “Je te remercie de m’avoir apporter un verre d’eau.

L’encouragement est centré sur le progrès

Autre différence très importante : l’encouragement est centré sur le progrès. Complimenter ses enfants, c’est reconnaître un résultat considéré comme parfait. “Bravo ! Tu as eu 18/20. Tu as parfaitement réussi ce devoir.” 

Avoir une attitude encourageante, c’est reconnaître l’effort et le progrès de l’enfant. “Progress not perfection” comme disent les américains ! Pour encourager avec sincérité, il faudra donc rester centré sur les progrès, même s’ils sont encore loin de nos attentes. On pourra dire dans ce cas : “Tu as travaillé plusieurs heures et tes efforts ont porté leurs fruits.

Finalement, tandis que le compliment (ou la critique) sanctionne un résultat, l’encouragement consiste à rester centré sur les forces de l’enfant et sur chacun de ses progrès. Ce sur quoi on s’attarde grandit ! Par conséquent, au lieu d’attendre que le résultat soit parfait, au lieu de critiquer et de mettre systématiquement le doigt sur les erreurs, tâchons de valoriser les améliorations de la manière la plus descriptive possible. 

Petit guide de l’encouragement

Changer notre manière de communiquer avec nos enfants n’est pas si simple… C’est un peu comme apprendre une nouvelle langue ! Voici donc une petite grille pour vous aider à distinguer le compliment de l’encouragement. 

ENCOURAGEMENTCOMPLIMENT
Pousse l’enfant à s’auto-évaluerPousse l’enfant à dépendre de l’évaluation de l’adulte
Est formulé de manière respectueuse et objectiveEst formulé de manière flatteuse ou condescendante
Se place du point de vue de l’enfantSe place du point de vue de l’adulte
Ne s’adresse qu’à un enfantPourrait s’adresser à un adulte
Compliment ou encouragement ?

Complimenter ses enfants part toujours d’une bonne intention, mais peut avoir des effets totalement contre-productifs. Au contraire, l’encouragement, concept phare de la discipline positive, est essentiel pour développer la confiance en soi et le sens des responsabilités. En apprenant à distinguer les deux attitudes, nous serons mieux à même d’accompagner nos enfants vers l’autonomie.

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