septembre 9

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La discipline positive


Discipline positive, éducation bienveillante, parentalité créative… Il devient difficile de s’y retrouver parmi les nombreux courants de l’éducation ! Dans cet article, je vous propose de revenir en détail sur le concept de Discipline Positive, une approche qui allie bienveillance et fermeté pour favoriser le développement des compétences sociales de l’enfant et de l’adolescent.

A quoi sert la discipline positive ?

La discipline positive pour développer les compétences sociales

Pour mieux comprendre cette approche, attardons nous quelques instants sur le sens de ces deux termes : 

  • Discipline : du latin “disciplina”, la discipline se définit étymologiquement comme “l’action d’apprendre”, l’élève, le “disciple” étant celui qui apprend. Au fil du temps, le sens du terme a progressivement glissé vers “les règles de vie”, puis par un curieux raccourci vers le “châtiment”, la “punition” imposés par ces mêmes règles de vie. C’est bien dans sa première acception qu’il faut ici comprendre le terme : le but de la discipline est bien d’apprendre, et non de soumettre à l’autorité de manière contraignante
  • Positive : aujourd’hui, on a tendance à tout assaisonner à la sauce positive ! Il s’agit ici d’appliquer l’un des concepts fondamentaux de la psychologie positive : ce sur quoi l’on porte son attention va grandir. On s’appuiera donc sur les réussites et les comportements positifs afin de les faire croître, sans stigmatiser les erreurs ou les comportements déviants.

Développer le respect et l’autonomie

Fondée par Jane Nelsen, la discipline positive est une approche globale,  qui vise à développer le respect de soi et des autres ainsi que les compétences sociales des enfants. L’ensemble des méthodes et des outils proposés par les fondatrices permet de développer des savoir-être essentiels, tels que : 

  • l’auto-discipline
  • l’autonomie
  • le respect
  • la coopération
  • l’estime de soi
  • le sens des responsabilités
  • l’empathie
  • le goût de l’apprentissage
  • la recherche de solutions
qu'est-ce que la discipline positive

Petite histoire de la discipline positive

Les principes fondateurs de la discipline positive

Le sentiment de solidarité, de communion est implanté dans l’âme enfantine et il ne quitte l’individu que sous l’action des plus graves déviations. Alfred Adler

L’approche de Jane Nelsen repose sur le postulat suivant : tout comportement vise à atteindre et maintenir son sentiment d’appartenance au groupe. En effet, les enfants sont des êtres sociaux. Chaque comportement est par ailleurs le fruit des croyances que l’enfant développe sur le monde et sur lui-même, à partir des expériences vécues.

Ce sentiment d’appartenance peut être développé de manière positive, lorsque l’enfant ou l’adolescent adoptent des comportements appropriés. Mais il peut également être affirmé de manière négative, quand l’enfant ou l’adolescent adopte des comportements déviants.

Par conséquent, si l’on veut modifier un comportement négatif, nous devons permettre à l’enfant d’expérimenter des situations différentes, afin qu’il modifie son système de croyance. C’est ainsi en multipliant les opportunités de coopérer, de contribuer au groupe (la famille, l’école…) que nous lui permettrons d’expérimenter et de modifier ses comportements.

Contrairement aux méthodes laxistes, ou au contraire, autoritaires, la méthode n’est ni permissive ni punitive. Elle allie fermeté et bienveillance : il ne s’agit pas de soumettre l’enfant à une autorité extérieure, mais de l’amener à exercer lui-même son auto-discipline. 

Les fondatrices : Lynn Lott et Jane Nelsen

C’est en Amérique, à l’aube des années 1970 que prend naissance la discipline positive, grâce aux recherches de deux femmes Lynn Lott et Jane Nelsen.

Lynn Lott

Lynn Lott découvre tout d’abord la pensée de Rudolf Dreikurs, grâce à un livre : Le défi de l’enfant. Ce psychiatre et enseignant autrichien, par ailleurs spécialiste du comportement en classe influencé par la pensée d’Alfred Adler propose un véritable manuel d’éducation visant à réorienter les mauvais comportements vers le but fondamental d’appartenance au groupe. Selon lui, c’est en neutralisant les “buts erronés” que l’on pourra profondément modifier les comportements déviants, sans avoir recours à la punition. 

Forte de cette découverte, Lynn Lott fonde alors un Centre d’éducation pour la famille afin de diffuser cette nouvelle approche éducative auprès des parents.

Jane Nelsen

A la même époque, Jane Nelsen est quant à elle étudiante en développement de l’enfant et … une mère totalement découragée par ses propres méthodes d’éducation ! Elle découvre alors les travaux d’Alfred Adler. Celui-ci pose que les sentiments d’appartenance et d’importance sont deux besoins essentiels de l’être humain. Ce n’est qu’une fois ces besoins satisfaits que l’enfant pourra s’investir pleinement dans la vie sociale et révéler le meilleur de lui-même.  Les travaux d’Adler donnent les principes fondateurs de ce qui deviendra la méthode : 

  • chaque individu a droit au respect
  • chaque individu a besoin d’appartenir et de contribuer au groupe
  • tout comportement a une raison d’être
  • le changement ne peut s’appuyer que sur l’encouragement
  • l’exercice de la liberté s’accompagne de responsabilités

Jane Nelsen commence par appliquer ces principes avec ses propres enfants. Enthousiasmée par les résultats obtenus, elle crée un premier groupe de parents, puis dirige un projet dans l’une des écoles de son district faisant de l’encouragement le principal levier d’apprentissage.

Les deux femmes commencent à partager leurs travaux dans les années 90, à travers l’écriture de manuels à destination des parents et des enseignants. Elles fondent ensuite l’Association de Discipline Positive afin de former des intervenants et de diffuser la méthode aux quatre coins du monde.

En France, la méthode est introduite par la psychologue clinicienne Béatrice Sabaté.

Comment appliquer la discipline positive

Comment appliquer la discipline positive ?

Les 5 principes de la discipline positive

Selon Jane Nelsen, une éducation efficace doit : 

  • se fonder sur le respect mutuel et l’encouragement, en alliant bienveillance et fermeté
  • faire preuve d’empathie
  • apprendre à l’enfant les compétences psycho-sociales fondamentales
  • permettre à l’enfant de découvrir ses capacités pour développer son autonomie
  • aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance et d’importance

Comprendre les objectifs mirages

L’approche de Jane Nelsen nous invite à porter un regard nouveau sur les comportements inappropriés de nos enfants : ceux qui ne correspondent pas aux règles de vie sociales. Véritables “stratégies de survie”, ils répondent à ce que Dreikurs nomme des “objectifs mirages” cachant des besoins insatisfaits que nous devons apprendre à décoder. 

Chacun de ces objectifs-mirages repose sur des croyances erronées : l’enfant est fondamentalement persuadé qu’il pourra ainsi combler ses besoins essentiels d’appartenance et d’importance. 

Voici les 4 objectifs-mirages et ce que nous pouvons faire pour apporter une réponse appropriée :

  • accaparer l’attention

Croyance erronée : “Si tu ne portes pas ton attention sur moi, alors, je ne compte pas !”

Solutions : Impliquer l’enfant dans la tâche, lui donner des responsabilités, verbaliser : “Tu comptes pour moi, je passerai un moment avec toi dès que possible”, planifier des moments d’attention de qualité

  • prendre le pouvoir : 

Croyance erronée : “Pour me sentir appartenir, j’ai besoin d’être en position de force.”

Solutions : demander de l’aide, proposer des choix, impliquer l’enfant dans la construction des règles

  • prendre une revanche : 

Croyance erronée : Je souffre du manque d’appartenance, alors je vais te faire souffrir aussi.

Solutions : utiliser l’approche empathique, reformuler ses sentiments, reconnaître sa responsabilité, discuter pour trouver des solutions

  • confirmer sa croyance d’incapacité

Croyance erronée :Je n’arrive pas à appartenir ni à avoir de l’importance, alors, je me désengage…

Solutions : mettre l’enfant en situation de réussite, le guider sans faire à sa place, encourager ses efforts, partir de ses points forts et de ses centres d’intérêt

Encourager de manière efficace

Quand les adultes assument le rôle du “super parent” et du “super enseignant”, les enfants apprennent à attendre des autres qu’ils soient à leur service au lieu de se rendre eux mêmes disponibles aux autres. – Jane Nelsen

Un enfant qui adopte un comportement inapproprié est un enfant qui se sent découragé. Il cherche à développer son sentiment d’appartenance sans y parvenir. L’encourager est donc absolument nécessaire pour qu’il progresse !

Un encouragement efficace n’est pas un compliment : seul un encouragement véritable permet de développer l’autonomie et la confiance en soi. 

Parmi les outils proposés par les auteurs pour encourager de manière efficace, on retrouve : 

  • le temps dédié : une “bulle d’amour” inconditionnelle, un temps partagé exclusivement avec l’enfant
  • les questions de curiosité : “Est-ce que tu vois autre chose à faire pour que cette chambre soit bien rangée?”, “Qu’est-ce que tu proposes ?”. Utiliser le questionnement permet d’impliquer l’enfant de manière constructive dans l’acquisition de ses compétences.
  • favoriser l’auto-évaluation : en se concentrant sur les forces de l’enfant, on peut l’amener à prendre conscience de ses erreurs et de ses axes d’amélioration
  • établir des routines : favoriser l’autonomie encourage l’enfant et l’aide à prendre confiance en ses capacités. Impliquer l’enfant dans la construction des routines quotidiennes est un excellent moyen de développer son autonomie.

Considérer l’erreur comme une source d’apprentissage

Tu t’es trompé? C’est fantastique ! Qu’apprends-tu de cette erreur ? Jane Nelsen

La discipline positive nous invite à chercher conjointement des solutions. Jane Nelsen évoque ainsi les 3R de la réparation :

  • Reconnaître ses responsabilités
  • Se Réconcilier
  • Résoudre

Prendre le temps de réfléchir à ce qui s’est passé pour trouver une solution ensemble : voici un outil phare de notre approche ! La première phase nécessite d’abord de connecter afin de renforcer le sentiment d’appartenance. Une fois les sentiments exprimés et écoutés, on pourra s’asseoir autour d’une table et essayer de trouver une solution avec l’enfant.

Pour en savoir plus : 

Jane Nelsen, La discipline positive, Adaptation de Béatrice Sabaté, Marabout, 2012

Jane Nelsen & Lynn Lott, La discipline positive pour les adolescents, Adaptation de Béatrice Sabaté, Editions du Toucan, 2014

Le site de l’Association de Discipline Positive en France

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